Cellophane
Dans Cellophane, j’enroule mon corps, des cuisses aux épaules, dans du film alimentaire. Inspiré d’une scène de la série WorkinGirls réalisée par Sylvain Fusée et diffusée entre 2012 et 2016, dans laquelle la PDG de l’entreprise, Karine, se scotche le visage puis le corps pour masquer les parties qui tombent et qu’elle n’apprécie pas sur elle. J’entreprends donc de m’emballer dans du Cellophane, rendant mon corps rigide et plat. Mon corps devenu rigide, plus plat, serait plus masculin. En effet, on opposse généralement une féminité molle et souple avec une masculinité dure et rigide, des muscles bandés faces aux seins souples. Dans cette performance, j’explore donc le rapport complexe entre persone grosse et genre, la virilité et la masculinité des hommes gros étant constamment remise en question, le tissu adipeux, le gras, est aussi une matière qui produit naturellement de l’oestogrène, l’hormone féminine.

Je plaque aussi ma poitrine avec le cellophane, créant une sorte de «binder» fait-maison, objet utilisé par les hommes trans et les personnes non-binaires pour aplatir leurs torses.

Je m’inspire aussi des œuvres de Julia Shoots, photographe qui crée des images de visages maquillés compressés par un emballage ressemblant à une barquette de viande. J’avais aussi en tête pendant la production de cette pièce la performance de de Carolee Schneeman, Meat Joy.
Mon travail a aussi un rapport au vêtement et avec le cellophane je crée une silhouette, méthode utilisée par certain.e.s performeur.euse.s du monde du drag pour avoir les mesures du corps de leur drag.

Le cellophane bouche les pores et fait suer très rapidement. Le «vêtement» de cellophane que je crée, me comprime mais me fait aussi suer, comme certaines gaines ou sous-vêtements aux promesses amincissantes et raffermissantes.
Vidéo-performance, 03:52 min, 2023