Jiggle
Dans la vidéo Jiggle, j’active le protocole du dernier paragraphe du livre You have the right to remain fat écrit par Virgie Tovar, activiste anti-grossophobie américaine, publié en 2018 chez Feminist Press :
« Pour jigglecize, vous devez d’abord décider si vous voulez être nu ou non. Le premier jour, j’ai décidé que, pour avoir le mouvement optimal, je devrais me déshabiller. On a étiré les bras et les jambes autant que possible. On a enterré nos pieds dans le sable chaud. Je voulais faire revivre quelque chose de très vieux et de très facétieux à l’intérieur de nous, comme le sentiment de quelque chose d’antique à la dérive. Je leur ai dit qu’au bout du décompte, au bout de trois, nous commencerons à remuer chaque partie de notre corps qui pourrait être remuée, que nous nous délecterions dans cette douceur et curiosité pour notre corps(...)».

Traduit de l'anglais par Charles La Via et Antoine Pascal-Bonhoure
Vidéo, 13:29 min, 2022 - 2023
Mon travail de céramique se concentre autour de plaques prises directement sur mon corps, sans passer par un moule.
Ces plaques sont pour la plupart trouées à leur périphérie, reproduisant les perforations des peaux tendues et des pièces de cuirs, trouées avant d’être cousues. Ces pièces sont émaillées pour une finition légèrement rosé, entre la peau porcine et la peau humaine à l'effort.
Les pièces rigidifiées par l'émail gardent leur mouvement, et semblent tomber du mur où elles sont accrochées.
Moulages
Céramiques émaillées et terre cuite, 2023
Dans Cellophane, j’enroule mon corps, des cuisses aux épaules, dans du film alimentaire. Inspiré d’une scène de la série réalisée par Sylvain Fusée "Working girls" dans laquelle la PDG de l’entreprise, Karine, se scotche le visage puis le corps pour masquer ses insécurités et ce qui ne "va pas" selon elle.

J’entreprends dans cette vidéo de m’emballer dans du cellophane, rendant mon corps rigide et plat. Mon corps devenu rigide, plus
plat, serait plus masculin. En effet, on oppose généralement une féminité molle et souple avec une masculinité dure et rigide, des muscles bandés faces aux seins souples. Dans cette performance, j’explore donc le rapport complexe entre personne
grosse et genre, la virilité et la masculinité des hommes gros étant constamment remise en question, le tissu adipeux, le gras, est aussi une matière qui produit naturellement de l’oestogrène, l’hormone féminine.
Je plaque aussi ma poitrine avec le cellophane, créant une sorte de «binder» fait-maison, objet utilisé par les hommes trans et les personnes non-binaires pour aplatir leurs torses.
Le cellophane bouche les pores et fait suer très rapidement. Le «vêtement» de cellophane que je crée, me comprime et me fait suer, comme certaines gaines ou sous-vêtements aux promesses amincissantes et raffermissantes.
Cellophane
Vidéo, 3:52 minutes, 2023